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S'orienter pour ne pas perdre le nord

Le marcheur nordique peut être amené à cheminer sur des parcours variés, parfois inconnus. C'est même une bonne idée pour éviter la monotonie. Découvrir de nouveaux horizons est aussi une source de motivation pour prolonger les kilomètres et le plaisir, à condition de ne pas stresser, de peur de ne pas retrouver son chemin. Quelques notions d'orientation peuvent être utiles.


J'ai adoré participer à plusieurs éditions du "Raid Normand" exclusivement en orientation avec des balises à pointer sur un parcours à découvrir au fil des kilomètres. Deux formules étaient proposées sur ces épreuves par équipe de 4 : version estivale en multisports (autour de 140 km sur 2 journées avec bivouac, à base de VTT et course à pied sans oublier un peu de canoé et diverses surprises selon les éditions) et version nocturne hivernale (50 à 60 km exclusivement en course à pied avec cheminement à la lampe frontale à la recherche des balises). De grands moments dont j'ai gardé le gout de l'orientation et une petite expérience en tant qu'orienteur de l'équipe. Je m'appuie aujourd'hui sur elle en marchant nordique. Malheureusement, le raid normand, c'est terminé pour tout le monde depuis longtemps.


Se déplacer en orientation, c'est simple !

1) Savoir où l'on est

2) Savoir où l'on veut aller

3) Choisir le bon itinéraire

4) S'adapter aux aléas des chemins

Un peu comme dans la vie finalement (fin de la séquence philosophie de comptoir).


Le moins simple évidemment, c'est de toujours savoir où l'on est. Mais être ou se sentir parfois un peu perdu, ce n'est pas grave. Au contraire, cela incite à se questionner et définir une stratégie pour retrouver le bon chemin. La pire des choses finalement est d'être trop sûr de soi : être certain d'être là où on n'est pas en réalité (finalement, elle n'était peut-être pas terminée, la séquence philosophie !?).


Plusieurs façons de cheminer en orientation

(Pour une sortie en marche nordique ou autre)


La plus simple, mais ce n'est pas vraiment de l'orientation, c'est d'utiliser un gps ou une appli sur son smartphone. Il n'y a que l'embarras du choix dans les nombreuses offres sur le marché, la plupart gratuites. Certaines permettent de définir une "route" à l'avance : un itinéraire qu'il ne reste plus qu'à suivre sur son écran en marchant. Pour éviter de se prendre la tête à construire son propre parcours, de nombreuses applications proposent aussi des itinéraires tout faits. Attention juste de ne pas tomber en panne de batterie.

Ce n'est pas la méthode que je préfère loin de là.

Une variante plus ludique et laissant plus de place à l'initiative personnelle est d'identifier avant le départ quelques points de passage bien reconnaissables à aller chercher sur le parcours, puis de ranger son écran. Dans ce cas, on prépare son itinéraire en repérant des lieux clairement identifiables à trouver sur le chemin. Il faut donc tâcher de conserver une représentation mentale du parcours. Difficile d'avoir tout précisément en tête pour une sortie de plusieurs kilomètres. Le principe est donc de se concentrer sur le prochain lieu de passage et tenter de mémoriser l'itinéraire pour y arriver. Quand on y est, on fait le point avant de se remettre en route vers le suivant et ainsi de suite. La tête et les jambes qui travaillent ! (les bras aussi et l'essentiel des muscles du corps en marche nordique, c'est bien connu). C'est fou comme le temps passe vite ainsi. Pas de stress grâce au gps : en cas d'erreur de parcours, un coup d'œil à l'écran permettra de comprendre ce qui s'est passé, à quel moment on a pris une mauvaise direction et par où aller pour retrouver l'endroit où l'on veut se rendre.


Une autre façon de cheminer, a priori sans souci, est de suivre un chemin balisé avec éventuellement une carte trouvée dans l'office de tourisme du coin ou ailleurs. Il suffit d'être attentif aux flèches de direction, en espérant juste qu'il n'en manque pas. Un coup d'œil de temps en temps à la carte permet de s'assurer qu'on est bien toujours sur le bon parcours.


Certaines montres gps connectées offrent une fonction de retour au point de départ qui peut être bien utile : il suffit de suivre la flèche pour rentrer. Ici ma montre m'indique que je ne suis pas trop mal : la flèche blanche m'indique vers où je vais (ça je sais, merci !) la verte vers où est mon point de départ. Il va falloir que je parte un peu vers la droite ! En plus elle m'annonce qu'il me reste 3,43 km pour rentrer. Mais je ne la crois pas : à vol d'oiseau ok, mais il n'y en a pas qui prenne de passager dans le coin. Il n'y a pas non plus de chemin tout droit vers mon arrivée. On va donc voir en fonction de ceux que je vais trouver.


Mais la vraie façon de progresser en orientation (sur les chemins et dans l'acquisition des bons réflexes), c'est de partir avec une carte et une boussole (et quand même son gps en poche, en roue de secours au cas où…). C'est la plus amusante et aussi celle qui nécessite de s'appuyer sur quelques principes qui seront de toute façon toujours utiles en toutes circonstances.


Quelques techniques élémentaires en orientation

Le rapport entre la carte, le terrain et soi-même


La carte est la représentation graphique de la réalité qu'est l'environnement avec l'essentiel de ses caractéristiques : routes et chemins, relief, constructions, forêts et clairières, cours d'eau etc… Elle est plus ou moins précise selon de type de carte : plan touristique, carte IGN, carte de CO (course d'orientation, j'y reviendrai plus tard). Il est donc essentiel de savoir faire le lien entre les deux, en intégrant en plus sa propre position, sur le terrain et donc sur la carte. Facile en théorie, pas si simple quand on n'y est pas habitué !


Bien positionner la carte


C'est le premier point essentiel à appliquer systématiquement pour faciliter le rapport entre la représentation virtuelle et la réalité (rapport carte/terrain). Pour vous situer (vous-même et le sens votre progression) sur la carte il faut donc savoir l'orienter. C'est là qu'intervient la boussole. Le nord d'une carte est toujours en haut dans le sens des écritures, mais où est-il pour de vrai ? Vous posez la boussole sur la carte (à plat), vous tournez les deux ensemble de façon à ce que la flèche du nord de la boussole (en rouge) coïncide ave la flèche du nord indiqué sur la carte (je vous fais grâce des subtilités entre le nord géographique et le nord magnétique). L'orientation de votre carte correspond maintenant à la réalité du terrain. Vous pouvez alors ranger la boussole (en conservant la carte bien orientée).


Si un point significatif (une mare par exemple) se trouve sur votre droite, elle le sera aussi sur la carte que vous regardez et le chemin sera aligné dans le sens de votre progression. Attention, il faut parfois être attentif : ici la mare s'est camouflée dans la verdure !



Si vous avez un point de référence précis, la boussole n'est même pas utile. Dans le cas de notre mare, il vous suffit d'orienter votre carte de façon à ce que la mare y soit représentée à droite du chemin, qui va da dans le sens où vous avancez. Il juste juste être certain qu'il s'agit de la bonne mare et du bon chemin sur votre carte.


Suivre son cheminement sur la carte en la conservant toujours orientée dans le bon sens.


Toujours le rapport entre la représentation graphique et la réalité du terrain !

Le chemin que vous empruntez (à priori devant vous si vous ne marchez pas en crabe ou à reculons) doit aussi rester toujours devant vous sur la carte. Vous bifurquez à gauche ? Vous tournez votre carte en même temps, de façon à ce qu'elle montre devant le nouveau chemin de vous avez choisi. C'est magique : le nord de la carte coïncidera encore avec le nord sur le terrain. Pour ne pas le perdre, le nord, il suffit donc d'ajuster en permanence la position de votre carte en fonction de votre progression. Évidemment, mieux vaut la plier pour avoir sous les yeux la zone sur laquelle vous vous situez. En procédant toujours ainsi, votre boussole vous sera inutile. Mais si vous avez lâché prise et ne vous ne savez plus ou vous êtes, vous ressortez la boussole pour recommencez la manip afin de repositionner votre carte correctement. Cela vous donnera probablement des indices utiles pour vous recadrer : Si le chemin devant vous ne part pas dans le même sens que celui sur lequel vous pensiez être sur la carte bien orientée, c'est que vous n'êtes pas sur le bon. Inutile de penser qu'elle se trompe, une carte bien orientée à toujours raison ! Une observation attentive depuis votre dernier point de passage fiable vous permettra de comprendre ou vous vous êtes trompé et dans quel secteur vous vous trouvez maintenant, au moins approximativement.


Avancer pas à pas, doigt à doigt.


Une astuce pour un cheminement fiable en vous repérant rapidement sur votre carte (pliée en conséquence pour une prise en main confortable) : vous positionnez votre pouce à l'endroit où vous situez et vous le déplacez au fur et à mesure de votre progression (à chaque intersection par exemple). Bon ok, ce n'est pas idéal avec les bâtons de marche nordique mais on peut faire quelques concessions sur la technique de marche pour cet exercice. Sinon, avec la carte dans une pochette transparente attachée au cou, ça le fait aussi, mais il faut alors faire l'effort de retrouver le dernier point de cheminement repéré et trouver le suivant, sans oublier de la repositionner correctement la carte dans le sens de la marche.


Savoir lire une carte pour identifier les points de repère.


Il faut bien sûr connaitre les symboles de représentation des caractéristiques du terrain pour les interpréter correctement : routes, divers chemins et sentiers, éléments de relief (monts et vallons) à partir des courbes de niveau (plus elles sont rapprochées plus la pente est ardue), végétation et autres éléments significatifs indiqués sur la légende. Ceux des cartes IGN sont plus ou moins familiers pour la plupart. Les carte de CO évoquées précédemment sont beaucoup plus précises, allant jusqu'à identifier le moindre bosquet, petite butte ou fossé, mais avec une symbolique totalement différente qui peut paraitre ésotérique à ceux qui n'ont pas habitués. Même la densité de la végétation est symbolisée par des couleurs et hachures spécifiques. Normal, ces cartes sont destinées à une orientation beaucoup plus fine, y compris pour aller trouver des balises "au milieu de nulle part" ! Quelques une sont positionnées sur cette carte réalisée par le club de CO de l'ALBE à Elbeuf (un travail de fourmi !!!).




S'appuyer sur des repères pour gérer sa progression.


Ceux auxquels on pense spontanément, bien sûr, ce sont les croisements de chemins et diverses bifurcations (à angle droit, en patte d'oie, carrefour en étoile,…). Mais attention, avec un carte IGN et a fortiori un plan touristique approximatif, tous les chemins ne sont pas indiqués. Inversement, certains anciens sentiers peuvent s'être refermés faute d'être empruntés régulièrement. Si vous avez repéré que vous devez prendre le prochain chemin à droite, vous pouvez donc parfaitement vous tromper en le faisant si celui qui se présente à vous n'est pas sur votre carte.

Si certains sont très proches, attention à prendre le bon, le plus évident n'est peut-être pas celui qu'il faut. Prudence donc, vérifiez par exemple s'il part dans le même sens que celui qui est représenté sur la carte (plus ou moins en biais par exemple). Ici, je pars à droite mais pas n'importe où à droite : celui en biais et pas à angle droit.


Une autre repère, finalement plus fiable, sont les courbes de niveau (sauf dans les plats pays où elles ne sont pas d'un grand secours). Si vous avez remarqué qu'elles se resserrent sur la carte, par exemple après un grand virage, annonçant une belle descente (ou montée) et que ça reste plat, c'est que vous vous êtes encore trompé de chemin ! En revanche si vous avez décidé de prendre un chemin à gauche, que vous avez repéré juste au niveau d'un autre qui descend à droite, qui est en effet bien là, c'est tout bon, vous pouvez y aller sans crainte.


Appréciez les distances grâce aux échelles


Les cartes IGN classiques sont au 1/25 000ème (1 cm sur la carte pour 250 m sur le terrain). Les cartes de CO sont beaucoup plus précises (du 1/2 000ème soit 1 cm pour 20 mètres à 1/5 000ème soit 1 cm pour 50 mètres).

En étant équipé d'une boussole de CO, vous avez des règles sur les côtés pour mesurer directement la distance entre deux points sur votre carte sans faire de calcul mental.


Évidemment, l'évaluation de la distance est fondamentale pour vous guider. Si on a évalué que notre prochaine bifurcation est à peu près à 200 m, et que l'on voit très vite un chemin avant -disons à une centaine de mètres-, ce ne doit pas être le bon ! Au contraire, si on a marché un bon kilomètre sans le voir, c'est qu'on l'a manqué ou qu'on n'est, une nouvelle fois, pas sur le bon chemin ! Avec l'habitude on évalue assez facilement les distances. Si on veut assurer le coup on peut la vérifier si on est équipé d'un gps. C'est évidemment totalement proscrit sur une course d'orientation, les orienteurs très précis pouvant eux compter leur nombre de pas pour apprécier finement une distance parcourue).


Des lignes d'arrêt


Une bonne sécurité pour éviter de partir beaucoup trop loin, c'est de repérer des lignes à ne pas dépasser dans la direction où l'on va : une route, une ligne électrique, la lisière d'une forêt (si on ne veut pas en sortir ou au contraire y entrer), un vallon… Si vous y arrivez, c'est que vous avez manqué quelque chose, il va falloir penser à faire demi tour !


Pour résumer


Une fois que vous avez défini en gros votre parcours, que vous avez correctement orienté votre carte et que vous avez bien repéré là où vous y êtes (relation carte/terrain) vous pouvez y aller en prenant en compte :

Les lignes directrices : chemins et sentiers, cours d'eau à longer, etc…

Les points d'appui qui confirment que vous êtes bien sur la bonne route : la mare que vous devez trouver à droite, une ruine, une ligne électrique qui traverse le chemin, une grosse descente, …

Les points de décision : là où vous devez changer de direction pour partir sur une nouvelle ligne directrice. Attention à vous assurer que c'est bien la bonne bifurcation et à réorienter votre carte en repartant.

Les lignes d'arrêt que vous de devrez pas dépasser.


Parfois, vous serez obligé d'ajuster votre itinéraire en fonction des aléas du parcours. Si le sentier sur lequel vous vous êtes engagé devient impraticable (fermé par des ronces par exemple sans possibilité d'en sortir), vous pourrez être amené à faire demi tour et réviser votre itinéraire. Attention, ce n'est pas une raison pour perdre le nord, on tourne sa carte !


Mes sorties préférées en orientation.

Sur des secteurs inconnus, ma préférence va naturellement à la carte et à la boussole. C'est tellement plus ludique ! Il est certain que dans ce cas, l'orientation prend le pas sur la marche nordique. Avec des arrêts réguliers pour vérifier la progression et choisir les itinéraires, la moyenne chute rapidement. La technique de marche : ok pour celle qui vient tout seul sans y penser, mais difficile d'être attentif à la qualité du geste en plus de la concentration sur le parcours. Les trois grandes règles pour ne pas se tromper : vérifier, vérifier et vérifier !!!

Impossible aussi d'évaluer le temps prévisionnel de la sortie en fonction de la distance, il dépendra plus de la qualité de l'orientation et des éventuelles erreurs commises que de la cadence de la marche.


Sur des secteurs plus ou moins connus, j'aime bien y aller "à l'instinct". J'ai la chance d'avoir à ma disposition plus de 10 000 ha de forêts pas loin de chez moi, avec des chemins et sentiers dans tous les sens. Malheureusement, je les connais presque tous à force de les sillonner. J'aime bien donc partir sans carte et emprunter un sentier inconnu dès que j'en trouve un. Avec la configuration générale du secteur en tête et de nombreux points de repère un peu partout, je n'ai pas souci pour m'orienter facilement ou pour me recaler s'il m'arrive d'être un moment dans le flou. L'avantage dans ce cas, c'est que la marche nordique reprend le dessus.


Travailler votre orientation en marchant nordique ou marcher nordique ailleurs en sachant vous orienter, à vous de choisir ! Dans tous les cas ce sont des beaux moments de plaisir que vous offrent la combinaison de ces deux pratiques.

La performance athlétique devient dans ce cas tout à fait accessoire, d'ailleurs mieux vaut marcher doucement dans la bonne direction que vite dans la mauvaise !


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