Le sport, et en particulier la course à pied -surtout en nature (trail)- a été pour moi tout à la fois une source de bien-être, une passion, une aide efficace pour affronter les situations stressantes de la vie courante et une bouée pour maintenir la tête hors de l’eau dans les périodes les plus difficiles de mon existence.
L’orientation, en raid multi-sports, en ‘’CO’’ (course d’orientation) ou lors de grandes randonnées, m’a quant à elle amené à établir un certain nombre de parallèles entre l’orientation ‘’sur le terrain’’ et dans la vie.
La marche nordique, à laquelle je me suis converti (blessures récurrentes et poids des ans obligent) reste pour moi un sport à part entière. C’est aussi, à l’occasion de sorties solitaires, une pratique particulièrement propice à la méditation sur les chemins de la vie.
Un drame récent vécu par un ami et marcheur nordique me renvoie à ce que j’ai moi-même traversé et m’a donné envie de revenir sur des lignes, écrites il y a une quinzaine d'années. La lecture et l’écriture, tout comme le sport, ont été une planche de salut. J’avais noté, regroupé et synthétisé quelques pensées dont je me sentais proche. Je les ai faites miennes, « chemin faisant », y compris et surtout dans l’action, les projets, les moments forts, les défis. Parfois solitaires, partagés chaque fois que possible.
Certaines périodes dramatiques sont des moments où l’on peut sombrer dans le désespoir ou au contrainte chercher les ressources et les appuis pour poursuivre sa route, peut-être plus intensément. Les proches en font partie. Se raccrocher à une « vision », des repères, me parait également indispensable pour savoir où l’on est et où l’on va, tracer son chemin. Je n’ai malheureusement pas la chance d’être croyant et ne peut donc trouver la sérénité et le « bonheur » que dans ce monde.
Des penseurs, de différentes civilisations et courants philosophiques, m’ont aidé à poser quelques balises pour éclairer MON chemin.
Ce regard en arrière, me conforte dans l’idée qu’elles ne mènent pas à une impasse. Si ces quelques pistes de réflexion peuvent aider certains à trouver leur propre chemin, tant mieux, ça n’en serait que plus utile.
Première balise : l'importance du regard
La vie et ce qu’on en retire, tient plus à la façon dont on la perçoit qu’à la réalité des choses. Un regard positif en toutes circonstances et une perception intense de chaque moment vécu nous procurent le sentiment profond d’exister et d’en être heureux.
« Ce n’est pas ce que sont objectivement et en réalité les choses, c’est ce qu’elles sont pour nous, qui nous rend heureux ou malheureux. »
Schopenhauer
Aphorismes sur la sagesse de la vie
« Une même chose a différentes faces, selon qu’on la regarde différemment ; et de là vient que les uns prennent plaisir à tout, et les autres à rien. »
Gracian
L’homme de cours
« Vivre est ce qu’il y a de plus rare au monde. La plupart des gens existent – C’est tout. »
Oscar Wilde
Aphorismes
« La plupart des hommes qui vivent dans le monde y vivent si étourdiment, pensent si peu, qu’ils ne connaissent pas ce monde qu’ils ont toujours sous les yeux ».
Chamfort
Maximes et pensées
Deuxième balise : l'importance de la posture
Le bonheur n’arrive pas tout seul. Il se mérite, il se construit, il se prend, il se conquiert… mais en tout état de cause, il ne tient qu’à nous. Rien ni personne ne nous l’offrira. Alors soyons actifs.
« Le bonheur n’est pas une chose aisée, il est très difficile de le trouver en nous, et impossible de le trouver ailleurs »
Chamfort
Maximes et pensées
« Une vie heureuse est donc celle qui s’accorde avec sa nature et on ne peut y parvenir que si l’âme est d’abord saine et en possession perpétuelle de cet état de santé, puis courageuse et énergique, ensuite très belle et patiente, prête à tout événement, soucieuse sans inquiétude du corps et de ce qui le concerne, industrieuse enfin à se procurer d’autres avantages qui ornent la vie sans en admirer aucun, prête à user des dons de la fortune non à s’y asservir ».
Sénèque
La vie heureuse
« Il y a des règles de bonheur, et le bonheur n’est pas toujours fortuit à l’égard du sage ; son industrie y peut aider. Quelques-uns se contentent de se tenir à la porte de la fortune, en bonne posture, et attendent qu’elle leur ouvre. D’autres font mieux, ils passent plus avant, à la faveur de leur hardiesse et de leur mérite, et tôt ou tard ils gagnent la fortune, à force de la cajoler. »
Gracian
L’homme de cours
Troisième balise : L'intensité
Etre en vie, vraiment, c’est vivre intensément, en action et en pensées, vivre chaque instant comme si c’était le dernier.
« Il y a des moments où il faut choisir entre vivre sa vie pleinement, entièrement, complètement, ou traîner l’existence, creuse et fausse que le monde, dans son hypocrisie, nous impose. »
Oscar Wilde
Aphorismes
« Chaque jour séparé est une vie séparée »
Sénèque
« Aussi faut-il concurrencer la vélocité du temps par la vitesse à en user et, comme un torrent rapide et saisonnier, y puiser vivement. »
Sénèque
Sur la brièveté de la vie
« L’activité est indispensable au bonheur ; il faut que l’homme agisse, fasse quelque chose si cela lui est possible ou apprenne au moins quelque chose ; ses forces demandent leur emploi, et lui-même ne demande qu’à leur voir produire un résultat quelconque. »
Schopenhauer
Aphorismes sur la sagesse de la vie
Quatrième balise : la pleine conscience du présent
Sachons profiter du temps présent sans pour autant tomber dans la frivolité...
« Ce qui est passé a fui ; ce que tu espère est absent ; mais le présent est à toi. »
Proverbe arabe
« Vous vivez comme si vous alliez vivre éternellement, jamais votre fragilité ne vous vient à l’esprit, vous n’observez pas combien de temps est déjà passé ; vous le perdez comme si vous en aviez tant et plus, quand –pour ce qu’on en sait- peut être celui-là même que vous donnez à quelqu’un ou à quelque chose est votre dernier jour. »
Sénèque
Sur la brièveté de la vie
« Ceux qui emploient mal leur temps sont les premiers à se plaindre de sa brièveté : comme ils le consument à s’habiller, à manger, à dormir, à de sots discours, à se résoudre sur ce qu’ils doivent faire, et souvent à ne rien faire, ils en manquent pour leurs affaires ou pour leurs plaisirs ; ceux qui au contraire en font un bon usage en ont de reste. »
La Bruyère
Les caractères
« Un point important, pour la sagesse de la vie, c’est la proportion dans laquelle nous consacrons une part de notre attention au présent et l’autre à l’avenir, afin que l’un ne nous gâte pas l’autre. Il y a beaucoup de gens qui vivent trop dans le présent : ce sont les frivoles ; d’autres, trop dans l’avenir : ce sont les craintifs et les inquiets. On garde rarement la juste mesure.
…
Aussi, au lieu de nous occuper sans cesse exclusivement de plans et de soins de l’avenir, ou de nous livrer, à l’inverse, aux regrets du passé, nous devrions ne jamais oublier que le présent seul est réel, que seul il est certain, et qu’au contraire, l’avenir se présente presque toujours autre que nous le pensions et que le passé lui aussi a été différent ; ce qui fait que, en somme, avenir et passé ont tous deux moins d’importance qu’il ne nous semble. »
Schopenhauer
Aphorismes sur la sagesse de la vie
Cinquième balise : les grands projets et les petits plaisirs
... Tout en nourrissant des projets enthousiasmants, en prenant autant de plaisir à les préparer dans le présent qu’à les vivre à l’avenir et en sachant aussi se satisfaire des petits plaisirs.
« Il dépend de nous que le présent délivre sa promesse d’avenir »
Kant
« Celui qui sait se contenter sera toujours content. »
Lao-tseu
« Un des grands secrets du bonheur est de modérer ses désirs et d’aimer les choses qu’on possède »
Madame du Châtelet
Discours sur le bonheur
« La plus grande perfection de l’âme est d’être capable de plaisir »
Vauvenargues
Pensées et maximes
Sixième balise : la détermination dans les épreuves
Il faut accepter les épreuves pour les surmonter, poursuivre son chemin sans regrets ni désespoir mais avec détermination.
« En présence d’un événement malheureux, déjà accompli, auquel par conséquent on ne peut rien changer, il ne faut pas s’abandonner même à la pensée qu’il pourrait en être autrement, et encore moins réfléchir à ce qui aurait pu le détourner ; car c’est là ce qui porte la dégradation de la douleur jusqu’au point où elle devient insupportable et fait de l’homme un bourreau de soi-même. Faisons plutôt comme le roi David, qui assiégeait sans relâche Jéhovah de ses prières et de ses supplications pendant la maladie de son fils et qui, dès que celui-ci fut mort, fit une pirouette en claquant des doigts et n’y pensa plus du tout. Celui qui n’est pas assez léger d’esprit pour se conduire de même, doit se réfugier sur le terrain du fatalisme et se pénétrer de cette haute vérité que tout ce qui arrive, arrive nécessairement, donc inévitablement »
Schopenhauer
Aphorismes sur la sagesse de la vie
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