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47 km de plaisir nordique


Réaliser une longue marche nordique, inhabituelle, est une excellente source de motivation : Varier les plaisirs tout en relevant un petit défi personnel.  Evidemment, c'est aussi un moyen de travailler son endurance, nécessaire pour préparer une épreuve longue distance comme c'est mon cas pour le 100 km de Fougères.





 

Récit de 47 km de pur plaisir

 

C'est parti, pour une sortie en marche nordique inscrite dans mon plan d'entrainement consistant à allonger progressivement les sorties longues (une toutes les 3 ou 4 semaines) pour monter à une cinquantaine de kilomètres. C'est l'avant derrière de mon programme. Objectif du jour : 45 km à 6 km/h de moyenne (hors arrêts), mon allure cible pour le 100 km.

Je démarre confiant et heureux, par cette journée de mars qui promet quelques gouttes de pluie, pas de quoi rebuter un viking.  Le tracé de mon parcours 100% forestier est "dans la boîte", ma musique aussi : j'entame la sortie avec ma playlist perso RSS (Rumba Salsa Samba) dans mon casque à conduction osseuse, pour avoir dans la tête le soleil qui manque dehors et me donner du cœur à l'ouvrage. Et c'est top pour favoriser la double rotation scapulaire/pelvienne du marcheur nordique !



 

Premier point au 10ème kilomètre :


Tout va bien. J'ai fait une première belle rencontre, avec un chevreuil. Il y en a beaucoup dans le secteur mais nous en croisons rarement lorsqu'on marche en groupe.  Ma montre m'indique une moyenne de 6,6 km/h. Je me sens parfaitement à l'aise, tout en bas de ma zone de fréquence cardiaque, en "endurance douce", alors je décide de poursuivre à la même allure en conservant une belle amplitude. Malgré la distance au programme, je reste attentif à la qualité de ma technique, avec juste un geste un peu plus économe en poussant moins fort sur les bâtons vers l'arrière et en privilégiant le relâchement.






Autre belle rencontre au bout d'un long faux plat montant qui se termine par une vraie petite montée, avec un arbre cette fois :

Le "hêtre Tabouël", l'un des "arbres remarquables" de la forêt de Bord, en Normandie.













Point au 20ème kilomètre


Tout va toujours très bien, j'éprouve de superbes sensations, aucun signe de fatigue, aucune douleur, que du bonheur ! Ma moyenne a légèrement baissé, à 6,4 de moyenne, normal je viens de traverser des secteurs plus vallonnés et d'emprunter quelques singles moins "roulants" mais très agréables pour varier les plaisirs.




C'est le moment d'une vraie pause. Je sors mon sandwich que je déguste avec volupté, en ayant déposé mes affaires sur une table improvisée offerte par les bucherons du coin. Des premières gouttes de pluie m'incitent en remballer vite fait et reprendre mon chemin sans tarder. C'est d'ailleurs bien mieux, avant que mes muscles ne se refroidissent.




Plus loin, tiens voilà une nouvelle rencontre avec un autre arbre remarquable de la forêt de bord : Le "pin des deux bancs" mais pas question de profiter des bancs, le chemin du retour est encore long.

Je poursuis ma marche dans ce secteur que je fréquente moins souvent, j'adore ça, ça change.




 

Erreur d'orientation


J'ai prévu un tracé 100% forestier. J'ai beaucoup de chance, il y a de quoi faire non loin de chez moi. Et pourtant, j'arrive à un moment sur un chemin de campagne qui sort du bois, mais bien sympathique. Je ne prends pas le temps de vérifier sur mon appli (Outdooractive) : finalement il me plait bien ce chemin en beau faux plat montant.


Je suis accueilli en haut, à l'entrée du village où il mène, par un couple d'ânes bien sympathiques aussi.


Le problème, c'est que je vais devoir traverser le village pour rejoindre mon parcours, moi qui évite systématiquement le bitume lors de mes sorties en marche nordique. Je décroche mes bâtons, ils n'ont aucune utilité sur route, surtout sans pads que je n'utilise jamais. Je vois une direction cimetière. Tiens, ce serait une bonne idée d'y aller, non pas pour m'y installer définitivement mais pour trouver un robinet. Ce serait prudent de refaire le plein d'eau, moi qui consomme beaucoup et n'ai pas une grande autonomie. Pas de chance je trouve l'église mais pas le cimetière et n'ai aucune envie de tourner dans le village pour le chercher.

 

Travail technique


Je suis obligé d'emprunter une longue portion sur une petite route de campagne pour rejoindre mon parcours, j'ai refait le point sur mon appli cette fois. J'ai horreur de ça, alors j'en profite pour travailler mon amplitude avec l'exercice de la "pino" : je marche au bord de la route en plantant un seul bâton sur le bas-côté herbeux, l'autre en l'air. Là j'avance bien l'épaule pour aller planter le bâton loin devant en augmentant l'enjambée, je pousse plus fort, j'avance en cherchant une amplitude optimale, bras et jambes. Je change de côté de temps en temps pour éviter d'attraper une épaule plus grosse que l'autre.

 

Point au 30ème kilomètre


Ca y est, je viens de rejoindre l'orée du bois. Je me sens toujours bien. Ma moyenne a un peu baissé, forcement avec ma "promenade en ville" , mais je suis toujours un peu au-dessus des 6km/h. L'épisode du cimetière m'a instillé un doute : aurai-je assez d'eau pour aller au bout ? Il me reste encore une bonne quinzaine de bornes à effectuer, d'autant que j'ai fait un détour par le village. Je suis parti avec une gourde de 60 cl de boisson isotonique et une poche de 2 l d'eau. Ma gourde est vide, je sors ma poche à eau du camelbag pour vérifier. Petit instant de d'angoisse : il ne m'en reste qu'un fond, ça ne va pas le faire !  





Quelle chance !

Je me suis arrêté devant une maison forestière. Il y a une voiture dans la cour, je sonne. Une dame m'accueille gentiment, je lui demande de me sauver la vie, ce qu'elle fait de bonne grâce en m'emmenant vers la cuisine pour remplir ma poche à eau.


MERCI !!! Je suis sauvé et repars l'âme en paix.





Petite galère et moment de panique


Un chemin devient de moins en moins praticable en raison de travaux forestiers, Je décide de faire un détour par un autre, qui me semble en meilleurs état, ayant constaté sur mon appli que je pourrai rejoindre mon parcours par un autre sentier un peu plus tard. J'improvise, c'est un secteur que je ne connais pas trop.  Grave erreur, plus loin le sentier en question est encore bien pire, jonché de branchages, et fini par s'arrêter au milieu de nulle part. Je suis obligé de continuer à travers bois en me frayant un passage entre les arbres et les branches des arbustes que je dois écarter pour éviter de me griffer le visage. Plus question de belle gestuelle nordique dans ces conditions !

J'ai un truc pour faciliter la connexion Bluetooth entre mon casque audio et mon smartphone tout en pouvant le prendre rapidement : je le place sous le bandeau que je mets systématiquement en marchant nordique, derrière la tête. Tout à coup la musique, que j'avais remise à ce moment, s'arrête. Probablement un problème de connexion ? Au bout d'une ou deux minutes, j'ai un doute. Je passe la main derrière la tête : plus de téléphone !!! Oups il est tombé, certainement accroché par une branche (par le câble vers la batterie externe dans mon sac à dos).  Sur un chemin, ce ne serait pas un problème pour le retrouver en revenant sur mes pas. Mais là, en slalomant entre les arbres, par où suis-je passé exactement ???  J'essaie de m'en souvenir en revenant doucement tout en balayant les environs du regard. En plus dans un tapis de feuilles mortes, ce n'est pas gagné. Ouf, énorme soulagement le voilà !!! Je repars, rassuré, en relativisant alors la frustration de ne pas pouvoir marcher comme j'en ai envie, cela aurait pu se terminer de façon bien pire.

 

Régénération

 

Quel plaisir de retrouver enfin un chemin digne de ce nom et reprendre une belle marche nordique d'un bon pas.  Le coup d'adrénaline provoqué par ma mésaventure m'a boosté. C'est quand même le moment de me régénérer pour terminer dans les meilleures conditions. J'avais pour ça prémédité d'écouter mon "tuto marche afghane", ce que je fais en lançant le mp3 grâce à mon smartphone retrouvé. C'est redoutable d'efficacité. D'une part l'écoute de mes commentaires sur fond de Pink Floyd  me remobilise l'esprit, et surtout la mise en pratique de mes consignes sur la gestion de la respiration contribue significativement à la régénération. Un réel bienfait tant pour la tête que pour le corps. Une pratique que je recommande sans réserve, si ce n'est qu'elle demande un réel effort de concentration quand on n'en a pas l'habitude.

 

Point au 40ème kilomètre

 

Je me sens toujours bien, les cuisses (quadriceps) un peu sensibles mais pas au point de pénaliser ma marche. Côté fatigue, aucun souci. J'ai pris soin de m'alimenter régulièrement en marchant : hormis ma petite pause sandwich, fruits secs à portée de main, une barre céréales ou une pâte de fruit de temps en temps. Et surtout hydratation à volonté à la pipette de ma poche à eau grâce à "la dame de la maison de la forêt".

Ma moyenne a chuté à 6 km/h avec tout le temps le temps perdu mais là, c'est reparti. Je sens l'écurie, même si je sais que j'aurai à marcher plus que les 45 km au programme compte tenu de mes détours. Pas grave, au contraire, je vais prolonger le plaisir.

 

Etat de grâce


Motivé par l'idée de remonter ma moyenne, je lâche les chevaux, l'avoine n'est pas si loin. J'ai retrouvé les beaux chemins du retour que je connais bien. Cette fois j'augmente l'amplitude en poussant fort sur mes bâtons et en veillant à un déroulé efficace des pieds. Effet des endorphines et autres hormones du plaisir dont je me suis gorgé pendant tout le parcours ? Je me sens particulièrement bien, comme jamais en marchant.


Je suis sur un petit nuage, avec une marche tonique mais tout en relâchement. Dans le flow, porté par le groove de ma playlist "De la soul pour marcher cool", à 6,6 /  6,7 km/h de moyenne sans entrer en "mode compète", sur les derniers kilomètres jusqu'à l'arrivée au 47ème.



Wouha, quel pied, que ça fait du bien !

 

 

Quel intérêt des sorties longues, très longues, voire "extra-longues" en marche nordique ?

C'est la réflexion que je menais au long de cette journée. J'en vois plusieurs.

 

Sur le plan physique :


  • Développement de l'endurance, bien sûr.

  • Renforcement musculaire : les sollicitations répétées, si on marche vraiment nordique, y contribuent. Les sensations éprouvées par mes quadriceps et mes épaules peuvent en attester .

  • Contribution à la perte de poids. Il faut marcher longtemps pour perdre quelques centaines de grammes.

 

Sur le plan technique :


  • L'occasion de "travailler" longtemps tous les éléments de la gestuelle MN, en s'appliquant tour à tour sur chacun d'eux. C'est efficace et ça passe le temps ! Et c'est une excellent moyen de les "ancrer".

  • S'habituer à maintenir une posture correcte et une belle gestuelle, tout en relâchement, souplesse et tonicité malgré la fatigue qui s'accumule au fil des kilomètres.

  •  Améliorer sa respiration, notamment grâce à la marche afghane.

 

Sur le plan mental :


  • S'entrainer à rester positif pendant un effort au long cours, à l'écoute de ses sensations, surtout les bonnes.

  • Passer un bon moment avec soi-même, si on marche seul. Une longue marche favorise le "discours intérieur".

  • Avoir la satisfaction du "devoir accompli" à l'arrivée grâce à des sorties exceptionnelles, voire en allant chercher ses limites.

 

 ATTENTION 


Évidemment il n'est pas indispensable de faire des sorties longues pour bien marcher nordique et y prendre du plaisir. Mais si on est tenté de s'y mettre, cela nécessite de le faire en augmentant progressivement la distance (ou durée). Indispensable pour que cela ne se transforme pas en galère et pour éviter les blessures, sans oublier les phases de récupération/assimilation ensuite.


Belles longues sorties à celles et ceux que cela tente.



 Mars 2025

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