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Les beaux moments sont trop courts


On se le dit parfois, y compris en marchant nordique. Sans pouvoir expliquer pourquoi, on se sent parfois comme dans un "moment de grâce" à l'occasion de certaines sorties, qu'on aimerait prolonger.


Vécu dernièrement :


J'ai prévu une séance "au seuil" de 3 x 7 mn. J'ai pris mon casque aujourd'hui pour rythmer ma série en musique avec le "Tempo audio" puisé dans mes "gammes de marche nordique". Pendant mon échauffement, j'ai envie de réécouter la musique et les mots du nouvel album de Francis Cabrel, "A l'aube revenant". Un moment de petit bonheur déjà. Je ressens ses textes avec plus d'intensité dans un environnement naturel, sur des chemins forestiers que j'adore malgré la boue qui vient salir mes chaussures. L'ambiance froide et humide de cette fin d'année n'entame en rien le plaisir de mes sorties. Un couplet me renvoie tout à coup aux ornières détrempées que je suis en train d'affronter :


Dans un mouvement de bottine et le frôlement du velours Elle part comme tu l'imagines et l'eau de la flaque assassine Elle l'évite d'un délicieux détour


Pas de délicieux détour pour moi je ne peux pas l'éviter, la flaque assassine !


Ces mots que personne n'écoute Disent que les beaux moments sont trop courts


Oui, décidément c'est un beau moment, que je décide de prolonger en écoutant l'album jusqu'au bout, bien au-delà de la vingtaine de minutes nécessaire à mon échauffement. Pas grave, j'ai le temps ! Après tout, je n'ai aucune obligation à m'imposer. Dans un secteur dont je ne connais pas tous les recoins, de décide de sortir du parcours que j'avais plus ou moins prévu. Je profite de chaque sentier inconnu pour partir en exploration. Je finis toujours par retomber sur un secteur familier. Aucune envie d'ailleurs de regarder le tracé GPS de mon appli pour programmer quoi que ce soit. Je m'abandonne au hasard des chemins, à la musique et aux paroles de Francis Cabrel.

L'album se termine, il faudrait que je rejoigne un beau chemin roulant pour entamer ma série mais… pas envie ! Je me sens trop bien ! Alors j'entame un deuxième album pour prolonger le plaisir d'écouter des textes qui me touchent, celui de Ben Mahuzé, découvert récemment.


Faut qu'je marche

Parce que j'comprends quand je marche Faut qu'je marche Parce que j'apprends quand je marche Faut qu'je marche Parce que je pense quand je marche Parce que j'avance quand je marche Parce que je rêve quand je marche


Finalement, je crois que je vais transformer ma séance au seuil par une sortie longue. J'écoute Ben Mahuzé jusqu'au bout en poursuivant ma route au hasard, avec un sentiment de bien-être qui ne me donne aucune envie de rentrer. J'entame une play-list Soul et Gospel pour m'accompagner sur le chemin du retour, il faut bien se résoudre à revenir sur terre quand même, je commence à avoir faim.


Près de 20 km de bonheur pour cette sortie, alors que j'étais parti pour 1h ½ de séance technique. Eh oui, la marche nordique peut prolonger les beaux moments, pour peu qu'on s'y laisse aller.

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