Il ne s'agit pas d'un nouveau champion de marche nordique mais d'une épreuve (trails et marches nordiques) qui porte le nom d'un château emblématique des boucles de Seine en aval de Rouen… enfin ce qu'il en reste.
Vous pouvez le voir si vous circulez sur l'A13 qui traverse nos forêts en provenance de Paris vers les plages normandes.
Pour patienter en attendant le plaisir de porter à nouveau un dossard, après la longue période de "disette compétitive", j'ai relu quelques récits de mes premières compétitions de marche nordique, dont celle avec Robert. Outre l'ambiance des pelotons, le plaisir de "tout donner" même sans espoir de podium sur une compétition, j'aime bien immortaliser par le récit les moments fort vécus dans ces occasions... pour avoir le plaisir de les revivre tranquillement plus tard.
"La Robert le diable"
Je participais en mars 2019 à l’une de mes premières compétitions de marche nordique sous les couleurs de mon club, le CORE Athlétisme, rejoint quelques mois plus tôt.
Cette photo du groupe sous les vestiges du château a été prise à l'occasion d'un belle sortie estivale, sous un climat bien plus clément que lors de cette froide journée de mars.
J'étais quand même heureux d'y retrouver Patrice, un vieux compagnon de course à pied et de grands raids en orientation. Lui est un marcheur nordique de la première heure, coach MN dans le club voisin et ami de l'EAPE. Il lui en a fallu des années pour me convaincre de m'y mettre !!!
Parcours et conditions
La "RLD" proposait deux trails (15 et 30 km) et deux marches nordiques de 8 et 15 km sur laquelle je m'alignais. Le départ et l'arrivée se font à Moulineaux, sur les bords de Seine, à une vingtaine de km de chez moi (vous allez voir, c'est important). De là, il faut tout de suite monter fort pour atteindre le plateau pour le parcours dans la forêt de La Londe, un des mes terrains de jeu préférés.
Un vent à écorner les bœufs ! Une alerte tempête était annoncée la veille sur le Nord de la France, à tel point que je me demandais si la course n’allait pas être annulée. Il faut être motivé pour y aller, en plus dans une atmosphère humide et glaciale.
Les chemins sont gras et glissants, voire carrément "gadouilleux" et barrés par de belles ornières sur les quelques parties plates. La "technique" en descente s’apparente plus à celle du ski de fond qu’à de la marche nordique. Mais j’aime bien ça, c’est plutôt ludique.
L'organisation : peut mieux faire !
Le site internet est avare en informations. Les parcours ne sont pas affichés. On annonce, pour le 15km 500m de dénivelé à un endroit, 600 m à un autre !? J’envoie un mail à l’adresse de contact pour demander le tracé et le profil du parcours (j’aime bien le connaitre à l’avance pour gérer l’effort) : 0 réponse !
Encore une organisation pour qui la marche nordique n’est pas un vrai sport : Pourquoi annoncer un chronométrage « officieux et indicatif » pour la marche nordique ? Les temps des marcheurs ne sont-ils pas dignes d’être pris au sérieux, au même titre que ceux des trailers, d'autant qu'il y a des puces (électroniques) pour tout le monde ?!
Certains bénévoles peu impliqués.
La plupart des signaleurs (pas tous) regardent passer les concurrents sans un encouragement, ni même une marque d’attention. Poli je fais signe et dis bonjour en passant ; un premier me répond du bout des lèvres, un deuxième même pas. Bon, je vais arrêter d’être poli.
Au ravito, Patrice, qui y arrive peu après moi, demande au bénévole combien il reste de km. « Je ne suis pas au courant » lui répond-il. Soit il a oublié, soit il a été mal briefé !
Plus loin, je débouche d’un chemin pour traverser sur la "route des 17 tournants". Un panneau de signalisation, placé avant l'intersection, nous l’annonce et nous met en garde : priorité aux voitures. Justement, je vois une voiture arriver. Un signaleur est là (un seul sur une route en côte pourtant tout en virages comme son nom l’indique). La voiture passe juste avant moi ; le signaleur ne lève même pas la tête, tout occupé à se rouler une cigarette !
Le plus gênant :
Je me fais dépasser à un peu plus d’un km de l’arrivée par un concurrent qui me dit ne pas comprendre : il était 4ème, me dit-il, et n’arrête pas de dépasser du monde depuis un moment !!! Deux ou trois autres m’ont aussi dépassé un peu plus tôt (en me laissant sur place). A l’arrivée, les premiers qui viennent tout juste de passer la ligne avant moi, demandent combien de km on a fait. Ma montre indique un peu moins de 14 km pour 15 km annoncés. Même si mon gps a tendance à sous-évaluer la distance, ça fait quand même beaucoup d’écart ! J’ai pourtant suivi scrupuleusement le balisage. Les premiers sont, eux aussi, sûrs de l’avoir suivi. Mystère, un souci de signalisation certainement : soit je n'en ai pas fait assez, soit il en ont fait de trop !?
Point positif : Les ravitos.
Bien fournis en liquide et solide. Le café à l’arrivée est le bienvenu. Le stock de sandwiches est impressionnant.
Quelle course… pour y aller !!!
Le départ du 15 km MN est programmé 9h05, juste après le celui des trailers.
Après une superbe nuit, j’ouvre un œil ce dimanche matin et suis surpris de voir filtrer le jour. Je jette un coup d’œil à ma montre : 8h20 !!! Elle aurait dû vibrer depuis bien longtemps, mais soit je n’ai rien senti, soit il y a eu un bug dans le réglage de mon alarme. Je saute du lit et enfile à toute vitesse ma tenue, que j’avais heureusement préparée la veille. Juste le temps de rassembler mes affaires en me demandant si c’est encore jouable ou pas. Je me dis qu’il faut choisir entre prendre un café ou déclarer forfait. J’opte pour un petit déj. à prendre dans la voiture en roulant, avec une impasse sur le café. Je me prépare un morceau de pain beurre-miel que je mangerai en conduisant. Moi qui ne suis jamais opérationnel avant un bon petit déj et deux grands bols de café, je me dis que ça va être dur. En tout cas, mon record toutes catégories de « mise en action du matin » est pulvérisé.
J’oublie les limitations de vitesse sur la route et arrive juste à temps pour récupérer mon dossard, après m’être garé "à l’arrache". J’ai tout juste le temps de voir partir les trailers et me positionner à l’avant de peloton des marcheurs. En faisant quelques mouvements d’échauffement sur place, je cherche des yeux mon pote Patrice, que je vois au même niveau que moi mais de l’autre côté de l’alignement des marcheurs sur la ligne de départ. On se fait un coucou de la main.
C’est parti !
Je démarre à fond, trop heureux d’être là. Trois concurrents prennent rapidement le large alors que mon gps m'indique que je marche à 9km/h. C’est impressionnant !
Je suis donc dans les premiers au bout de quelques centaines de mètres quand j’entends "allez Patrice". Je ne pense pas avoir de supporters sur place, ce doit être le Patrice de l’EAPE ! Je me retourne et ralentis pour l’attendre (pas longtemps !), on échange quelques mots et on fait bout de chemin ensemble. A son tour de prendre quelques mètres d’avance, sur la route qui attaque la montée vers le plateau. Je le rejoins en haut de la première grosse grimpette sur un sentier technique, longue et bien raide, et nous marchons ensemble avant d'entamer une première descente bien grasse. Patrice n’est pas très à l’aise sur les chemins glissants. Moi j’ai l’habitude et trouve ça plutôt rigolo ! Je m’en vais donc à mon rythme.
S’ensuit assez vite un long tunnel sur l’ancienne voie de chemin de fer. Je ne prends pas le temps de sortir ma frontale, j’y vois suffisamment pour avancer sans risque, d’autant que la piste est bien plate, la seule partie sèche du parcours d'ailleurs. J’en profite pour remettre du rythme, tout en restant bien relâché. Bizarrement mon gps fonctionne : je pourrai constater après coup que j’avance à nouveau à près de 9 km/h sur cette portion "roulante" (c’est mieux pour les trains). Une succession de grosses montées et descentes, sur chemins toujours glissants, nous emmènent ensuite sur le point haut du parcours, là où le ravito a été installé. Je ne renouvelle pas l’erreur de le "sauter" comme lors de ma compétition précédente à Mesnières en Bray : je prends le temps de m’arrêter tranquillement pour vider un gobelet de jus d’orange, puis un autre d’eau (pas de solide, j’ai avalé une mini-gourde de compote peu avant). Je repars juste quand Patrice arrive. Une féminine est repartie un peu avant moi, à une cinquantaine de mètres devant. Un écart qui se maintiendra presque jusqu’à la fin.
A l’occasion d'une nouvelle montée en lacets, je vois un groupe de marcheurs non loin derrière, dont Patrice. Nous passons le "carrefour des Viaducs" et partons à l’attaque de la dernière partie du parcours. Quelques concurrents venus de je ne sais où me dépassent. En arrivant sur la route à Moulineaux qui nous amène à l'arrivée, l’un d’eux me demande si j’ai coupé quelque part. Ben non, j’ai suivi les fanions, comme la féminine devant moi. Je comprendrai plus tard qu’il y a eu un souci de balisage sur le parcours (cf. problèmes d’organisation). Je regarde ma montre : moins de 13 km et pourtant l’arrivée ne doit pas être bien loin. J’en ai conservé « sous le pied » pour bien terminer les 15 km prévus, je peux donc accélérer sensiblement pour le final malgré un vent violent de face, sur un long chemin bien roulant en stabilisé. Je rattrape la féminine que j’ai en « visu » depuis le ravito avant l’arrivée sur le stade. Ma première intention est de la dépasser, mais ce ne serait pas élégant ! Je reste donc sagement derrière pour passer la ligne d’arrivée, aussi vivant que j'étais mort à Mesnières.
Voilà, ça c’est fait. J’ai enfin droit à mon café !
Le vent et le froid me poussent à repartir sans trop tarder. Quelques échanges avec Patrice et quelques autres marcheurs, encore un petit en-cas, un passage au poste de secours pour trouver -enfin- une carte avec les parcours et essayer de comprendre ce qui s’est passé pour le final de l'itinéraire (je n’y suis pas arrivé), et j’y vais.
La route des 17 tournants, que j’empreinte en voiture pour rentrer, est jonchée de branchages abattus par le vent. Au croisement avec le parcours, que j’ai traversé tout à l’heure, je vois passer des marcheuses avec bâtons et dossard. Les pauvres, elles en ont encore pour un moment !
Mes stats
Classement : 7ème au scratch sur 104 finishers.
Mais en réalité, ce n’est pas ça (pb de balisage) : quelques ( ???) autres concurrent(e)s sont en vérité devant !
Temps officiel : 2 :03 36 Moyenne de 7,28 km/h. Compte tenu du profil et des conditions du parcours, je m'en satisfais largement.
Fréquence cardiaque : 153 pulsations/mn en moyenne ; pic à 175
Bizarrement, c’est à peine moins que sur ma précédente sortie à Mesnières, alors que j'y avait terminé dans le rouge, "au bout de ma vie"
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