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Sortie tranquille, sortie bonheur


Il n'est pas indispensable de battre des records de vitesse ou de distance parcourue pour vivre de beaux moments de petit bonheur en marche nordique. J'en suis convaincu depuis longtemps, une dernière sortie récente m'en a encore apporté une belle illustration.


Pour ce 1er jour de nouveau confinement, ce 20 mars 2021, j'ai pour mission de prendre en charge un groupe de cinq marcheuses. Respectueux des consignes, notre club répartit des petits groupes de 6 sur différents sites dans le rayon des 10 km autorisés, tous en forêt (nous en avons de la chance !).

Le soleil au rendez-vous est une promesse de belle sortie malgré la petite fraicheur du fond de l'air. "Mes marcheuses" du jour me mettent tout de suite au pas dès l'arrivée, avant même de commencer l'échauffement : "tu y va mollo, hein !". Il est vrai que je marche en général avec des groupes plus rapides ; là il s'agit de pratiquantes "cool". "Promis juré ! Je vais même tâcher d'éviter de trop grosses montées. Un petit neuf kilomètres, ça vous va ?". OK, banco, c'est parti !


Une sortie plaisir, c'est un beau parcours effectué dans de bonnes conditions et une ambiance chaleureuse quand on est en groupe. Les rencontres et surprises au hasard du chemin y contribuent aussi grandement, tout comme "un je ne sais quoi" qui fait qu'on se sent particulièrement bien. Tout ça a été réuni ce jour.


Nous sommes à peine partis que nous croisons, sur une sente qui nous mène à la forêt, une brebis et son petit. Un pré de part et d'autre hébergent chacun leur troupeau derrière les grillages. Auquel appartiennent-ils ? Ils nous le montrent : c'est celui de gauche ! On les dispute : "voulez-vous rentrer tout de suite à la maison !" Ils voudraient bien mais n'arrivent pas à retrouver l'entrée du pré. Nous non plus, tant pis on continue. A la lisière de la forêt, un autre pré est le terrain de jeu de superbes chevaux. Ils accourent gaiment à notre rencontre, curieux de voir des quadrupèdes un peu bizarres. Ils paraissent aussi heureux que nous de profiter de la belle journée qui s'annonce. On leur dit bonjour et au revoir et nous entrons dans la forêt.

Le soleil qui joue à travers les branches des arbres (elles n'attendent plus que leurs feuilles) semble nous souhaiter la bienvenue. Merci, on va en profiter ! Nous débouchons en haut d'un vallon qui nous offre une belle vue dégagée. Nous y descendons en empruntant un bon raidillon. Je rassure mes marcheuses : cette fois-ci nous n'allons pas remonter de l'autre côté comme on le fait parfois (là, ça grimpe vraiment fort !). Arrivés en bas, nous empruntons le chemin forestier qui remonte tranquillement le long du vallon. Dans le groupe, ça papote, ça rigole, ça jacasse gaiment. Quelques centaines de mètres plus loin, nous remontons du même côté jusqu'à mi- pente par un sentier encore un peu boueux, qui sera le plus raide de notre sortie. Et là… silence complet, toutes les voix se sont tues. Bizarre non ? Un beau chemin sinueux en balcon nous offre ensuite une nouvelle vue sur le vallon et réanime les discussions. Tout va bien !

Notre itinéraire nous conduit à la "mare à genêts", la plus grande de "notre" forêt de La Londe. Nous nous y arrêtons un moment pour en profiter et boire quelques gorgées (non, pas de l'eau de la mare !). Je raconte y avoir vu des chevreuils lors de ma dernière sortie solitaire dans le secteur qui, eux, venaient peut-être s'y désaltérer. Nous reprenons notre chemin, et qui voit-t-on un peu plus loin ? Trois chevreuils : un plus gros et deux petits, certainement une sortie en famille ! Mes amis sont restés dans le coin !!! Habituellement, il faut faire vite pour observer les chevreuils, ils disparaissent souvent en quelques grands bonds. Eh bien là, non : Ils s'en vont, puis reviennent, nous regardent, s'arrêtent, se mettent à marcher tranquillement… Ils ont dû être informés que la chasse, c'est terminé. En tous cas, c'est un moment magique pour nous qui nous fait dire que nous avons de la chance de pouvoir encore profiter de cette belle nature.

Un peu plus tard, une lumière apparait au loin sur le chemin dans l'ombre du sous-bois. Cela nous interpelle et nous comprenons vite qu'elle n'appartient pas à cette belle nature mais au phare d'une moto de cross !!! En fait ils sont deux motards, qui bifurquent forts heureusement bien avant de nous imposer la nuisance du bruit et de l'odeur de leur moteur. Plus loin encore, deux autres motards, dont un enfant. On ne distingue pas la tête du gamin sous gros casque, mais compte tenu de sa taille et celle de sa moto, il doit avoir 8 ans à tout casser ! Cela aurait presque tendance à me réconcilier avec les motards en forêt : sympa quand même de voir un père et son fils partager une passion, même si ce n'est pas la mienne.

Ce qui est bien par chez nous, c'est la possibilité de multiplier à l'infini les parcours. Dans une forêt que nous sillonnons pourtant régulièrement (certaines des marcheuses habitent juste à côté) je propose un itinéraire pour partie inédit. Toutes apprécient le changement et jouent à essayer (en vain) de se repérer. Une partie dégagée, malheureusement replantée de petits conifères, nous permet de profiter pleinement du soleil qui essaie timidement de réchauffer l'air ambiant.

Un jogger (trailer plus exactement) arrive en face de nous… torse nu. Il n'a pas froid le monsieur ! Arrivé à notre hauteur, des marcheuses locales le reconnaissent, il fait partie des "figures sportives" du village. Forcement, nous nous arrêtons pour entamer la discussion. Bon ça commence à durer, il faut y aller, le temps passe et Liliane doit préparer sa langue de bœuf pour le déjeuner !

Nouvelle rencontre sur le chemin du retour : un groupe de cavaliers, majoritairement des enfants, juchés sur leur grand cheval ou petit poney. On se salue, tout le monde a le sourire aux lèvres, qu'ils sont mignons les petits (enfants et poneys).

Retour dans le village par notre "sente aux moutons". Les promeneurs à quatre pattes du départ ont dû retrouver la brèche de leur enclos, mais peut-être pas la même : un agneau sur se tient à l'écart de ses congénères dans l'un des deux en bêlant désespérément. Notre petit copain ? Peut-être s'est-il trompé d'entrée et se retrouve-t-il maintenant séparé de sa maman ? J'ai une petite pensée d'espoir pour lui : le confinement qui commence lui épargnera peut-être l'hécatombe du week-end pascal qui s'annonce. Belle fête de famille mais sale temps pour les agneaux !


Voilà, c'est fait, il ne reste plus qu'à s'étirer en prolongeant encore un peu le bon moment partagé. On se félicite, on se congratule on se remercie et on se dit à la prochaine. Quelques chiffres quand même, mais ils n'ont finalement pas grande importance. Le petit 9 km annoncé c'est transformé en gros neuf, un petit 10 en réalité en comptant le retour au parking. 165 m de dénivelé positif et 5,5 km/h de vitesse moyenne en déplacement : cool comme promis !


Le "je ne sais quoi" qui fait qu'on se sent particulièrement bien, c'est finalement peut-être une succession de plein de petits riens qui forment un grand tout. Peut-être aussi le sentiment, dans un contexte peu optimiste en ce début de printemps, que nous avons beaucoup de chance d'être en bonne santé et de pouvoir encore profiter de notre environnement pour les beaux jours qui s'annoncent.


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